–Sortie organisée par Christophe Guillon , président du cercle
-photos d’Eric Bonanad et de Hugues Piolet.
-compte- rendu rédigé par Hugues Piolet.
-quelques explications géologiques par Geneviève Barbier.
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texte de Hugues Piolet
“Après avoir traversé des kilomètres de brouillard depuis Valence, c’est sous le soleil exactement que notre groupe a débarqué dans le Trièves. Un paysage de carte postale nous y attendait : des alpages parsemés de vieux chalets et en arrière-plan, le Mont Aiguille ou les sommets enneigés du Dévoluy.À peine le temps de s’en remettre, que déjà Christophe Guillon nous entraînait à travers la pinède et le maquis jusqu’à une minuscule ravine qu’il réussit à retrouver sans hésitation, plus de dix ans après son dernier passage. Et nous n’avions pas encore sorti un seul outil, qu’il pointait l’index vers le sol en criant : « Il y en a un là…! Et là aussi…! Et un autre, là…! »Quelques cristaux de gypse jonchaient le sol, signe que l’on était au bon endroit pour creuser. Une véritable frénésie s’empara alors du groupe, qui se mit à attaquer la montagne à coup de pics, de pelles ou de… binettes, et parfois même à mains nues.
Pour un 17 novembre, l’argile n’était ni trop boueuse, ni trop sèche, ni même gelée : elle était souple et douce, et se laissait décoller en fines couches, d’où l’on pouvait extraire les fragiles cristaux de gypse sans les abîmer. Des conditions idéales, à se remémorer pour de futures explorations.
À l’heure du pique-nique, la fièvre de l’or — pardon, du gypse ! — n’était toujours pas retombée et notre travers-banc atteignait déjà la profondeur respectable de… 90 cm.
Des cristaux de qualités diverses tombaient régulièrement dans nos poches, la collecte ressemblait à un jeu vidéo : 1 point pour les petits grisâtres, 2 pour les translucides, 10 points pour les gros, 50 pour les macles et 100 points pour les légendaires « sapins », les plus difficiles à trouver !
Seul l’épuisement réussit à venir à bout de nos stakhanovistes, les plus acharnés restant persuadés que le « sapin » ultime (celui de Noël ?) devait sûrement se cacher dans la pelletée suivante.
Mais que les futures générations de prospecteurs se rassurent : notre équipe a laissé un peu de gypse à trouver dans le Trièves…“
Quelques explications géologiques
Les cristaux de gypse déposés dans les argiles de l’ancien lac du Würm
-Le gypse est souvent une roche évaporitique formée dans des lagunes
et dans les Alpes il est daté en général du Trias au moment où le grand
continent Pangée commençait à se disloquer : celui qui se trouve ici sous
forme de cristaux est d’origine différente.
-Les cristaux se forment dans les argiles par association du carbonate de calcium et du sulfate provenant des eaux sulfatées (séléniteuses) qui ont traversé les évaporites du Trias présentes dans le secteur.
Origine de ces argiles
-Elles se sont déposées dans un lac périglaciaire daté du Würm (dernière glaciation) .
-Le glacier de l’Isère venant du Grésivaudan et celui de la Romanche venant de l’Oisans sont bloqués par la cluse de Voreppe et refoulent vers le sud.
-Les eaux des cours d’eau venant du sud sont alors bloquées par les moraines frontales des glaciers et s’accumulent dans un lac qui se remplit de sédiments.
-Le lac est aussi formé des eaux de fonte des glaciers en plus des cours d’eau venant du sud.
-Quand le glacier fond, le lac se vide en laissant une large vallée.