Sortie organisée par Christophe Guillon, président du cercle
Photos d’Eric Bonanad et Hugues Piolet
Compte-rendu rédigé par Hugues Piolet

Dans une ravine des Baronnies : les marnes sombres du Valaginien.
Photo Éric Bonanad

Ce dimanche 18 mai, notre petit groupe d’adhérents s’était donné rendez-vous dans les Baronnies provençales. L’arrière-pays drômois offre un aspect particulièrement sauvage, avec ses hautes collines qui semblent moutonner à l’infini. Le couvert forestier n’y est percé qu’en de rares endroits, soit par des fermes isolées, soit par ces fameuses ravines fossilifères qui attirent tant les géologues amateurs que nous sommes.

C’est donc vers l’un de ces badlands grisâtres que nous nous sommes dirigés, guidés par Christophe Guillon. Retrouver les sites de fouilles à travers une forêt chaque année plus envahissante n’est pas chose facile mais comme d’habitude, la mémoire infaillible et le sens de l’orientation de notre Président ont fait merveille!…

Nous avons donc posé nos sacs près d’un ruisselet et entrepris de fouiller méthodiquement un flanc de colline daté du Valanginien. Christophe nous avait distribué un descriptif illustré de la faune attendue sur cet étage du Crétacé et la pratique se révéla rapidement conforme à la théorie : de nombreux petits fossiles gisaient à la surface des ravines, l’érosion ayant eu la bonne idée de les dégager pour nous et de les exposer sur le sable clair. Il suffisait de se baisser pour ramasser des ammonites et des rostres de bélemnites.

Quelques exemples de fossiles du Valanginien :
1 – Saynoceras
2 – Baculites
3 – Phylloceras
4 – Protetragonites quadrisulcatus
5 – Neocomites
6 – Aptychus
7 – Rostre de bélemnite
(N’hésitez pas à nous signaler des erreurs!)

Creuser le sable ou casser les marnes dures ne donnait pas de meilleur résultat, il fallait juste avoir l’œil et un peu de chance pour trouver les meilleurs spécimens : des ammonites pas cassées, ni écrasées, pyritisées mais pas trop, car beaucoup d’autres étaient déjà rongées ou boursouflées par l’oxydation. Les plus abondantes étaient les Néocomites, finement striées, mais on trouvait aussi d’autres espèces comme Phylloceras ou Saynoceras, et même parfois un morceau de Baculites. Des aptychus plus ou moins intacts étaient également présents.

Mais la star locale appartenait à un autre clan, celui des bélemnites à rostre plat. C’est donc ce spécimen rare, baptisé Duvalia, que nous avons cherché le plus assidûment. En vain, pour la plupart d’entre nous, à l’exception de Christophe qui en a trouvé… pas moins de six !

Après un casse-croûte à l’ombre et une dernière tournée d’inspection dans le Valanginien, nous avons repris nos voitures. Et c’est dans d’autres ravines plus récentes (si l’on peut dire quand on parle de l’Aptien/Albien) que Christophe nous a conduits, à la recherche de boules de marne. Des concrétions qui cachent parfois de beaux cristaux de baryte, qu’il faut dégager (chez soi) à l’acide.
À l’issue d’une progression difficile, à travers des taillis épineux, nous sommes parvenus au bas de la ravine. Mais malgré l’exploration systématique du ruisseau et des ses affluents, nous n’avons trouvé aucune des boules grises attendues. Christophe en conclut que le bon «niveau» devait se trouver beaucoup plus en amont, trop haut en tout cas pour espérer l’atteindre dans un délai raisonnable. Et l’heure de rentrer approchait !…

Par chance, il y avait tout de même quelques «pépites» à orpailler dans ce torrent : de petits nodules de marcassite qui lançaient leurs éclats dorés. Un véritable lot de consolation après tous ces efforts!…

Nodule de marcassite. La marcassite (disulfure de fer) est une espèce proche de la pyrite, mais dont la structure est rayonnante au lieu d’être cubique. Le soufre qu’elle contient donne à ses éclats métalliques une couleur jaune pâle. Hauteur : 2 cm.
Sortie dans les Baronnies, le dimanche 18 mai 2025
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