Conférence de Yves Bailay et Emile Rigo.
Compte -rendu de Gérard Pons, Yves Bailay et Emile Rigo.
J’en ai rêvé et j’ai été très excité, quand Geneviève a annoncé il y a plusieurs mois que ce serait l’objet d’une prochaine conférence et je me suis tout de suite porté candidat pour réaliser un compte rendu, à partir des notes d’Yves et d’Emile sur l’histoire géologique de la Réunion.
C’est sûr qu’à propos des pierres et des volcans, la présentation de nos deux amis fut complète.
Mais une île, comme celle de la Réunion mérite qu’on s’y intéresse de près, car c’est un bout de la France et de l’Europe, à 8952 km de Guilherand.
Ce n’est qu’à partir des années 1500, suite à la découverte de cette île par les portugais, qu’elle commence à se peupler.
L’île devient française en 1710, qui y pratique la culture du café, grâce à l’esclavage et plus tard de la canne à sucre.
En 1946, l’île devient un département français (974). Elle compte aujourd’hui 860 000 habitants.
La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes,ouest-africaines, est-africaine, malgaches, indiennes, vietnamiennes, malaises et chinoises.
Depuis cette départementalisation, l’économie de La Réunion s’est considérablement transformée pour passer d’une colonie agricole à une région moderne, avec tous les attributs d’une société de consommation, notamment grâce à l’instauration d’un système complet de sécurité sociale_ en 1955 qui a permis d’améliorer les conditions de vie des réunionnais. Pourtant le chômage y est élevé et la situation sociale hors norme.
L’économie se transforme peu à peu et le secteur tertiaire prend progressivement la place de l’agriculture.
La Réunion passe d’un monde agricole à une société de services, et les réunionnais basculent dans l’ère de la consommation de masse.
Au point de vue économique, l’agriculture est caractérisée par la canne à sucre, l’élevage et la culture d’autres végétaux.
Signalons la pêche, pour des besoins locaux et aussi à l’export. La pêche constitue le deuxième secteur exportateur de La Réunion.
Le tourisme constitue une part importante de l’économie et progresse, malgré des baisses il y a quelques années, dûes à l’épidémie du chikungunya, de la “crise requins” et des gilets jaunes.
Au point de vue industriel, la canne à sucre constitue la première source d’emplois, subventionnée par l’Union Européenne.
L’avenir de l’agriculture ne saurait être envisagée sans la filière canne-sucre.
La Réunion est une île qui se situe dans l’Ouest de l’océan indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l’hémisphère sud, à 684 km à l’est de Madagascar.
Située dans l’océan Indien, La Réunion est une île volcanique née il y a quelques 3 millions d’années avec l’émergence d’un massif montagneux dont le point culminant est le Piton des Neiges (3.070 m).
Elle se compose à l’ouest d’un massif ancien qui abrite les cirques de Salazie, Mafate et Cilaos, et à l’est d’un volcan plus récent (500 000 ans), l’un des plus actifs de la planète : le Piton de la Fournaise.
D’un point de vue géographique, La Réunion se situe au large de la côte sud-est du continent africain et à 700 kilomètres à l’est de Madagascar, la rattachant ainsi à l’ensemble géopolitique appelé « sud-ouest de l’océan Indien ».
Elle est le dernier-né d’un long alignement d’appareils volcaniques. La Réunion est l’île la plus occidentale d’un groupe d’îles nommées « Mascareignes », que l’on assimile à un archipel. Elle est située à 200 kilomètres au sud-ouest de l’Ile Maurice, qui a elle-même pour possession la 3ème plus grande île de ce groupe, Rodrigues, située plus à l’est.
Gerard Pons
NAISSANCE ET EVOLUTION
DU VOLCAN DE POINT CHAUD DE LA REUNION
Située à 700 km à l’est de Madagascar, l’île de la Réunion est le dernier-né d’un long alignement d’appareils volcaniques.
Tout a commencé il y a 65 Ma (millions d’années) … A l’endroit même où se situe l’île aujourd’hui, se trouvait le continent indien, c’est alors qu’un panache mantellique de point chaud a percé lithosphère continentale.
La naissance d’un point chaud occasionne la libération de volumes de lave et de gaz exceptionnels. La lave a inondé la partie centrale du continent indien ainsi qu’une partie de la croûte océanique à l’ouest de celui-ci. Aujourd’hui, après avoir migré vers le nord-est, la plaque tectonique indienne est entrée en subduction sous l’Eurasie engendrant ainsi la chaîne himalayenne. Néanmoins, ce gigantesque amas de coulées de laves superposées, bien qu’érodé, est toujours visible sue le sol indien. Ce sont les trapps du Deccan.
Après cette première série d’éruptions, les effusions se sont calmées mais elles ont laissé leurs traces sur la plaque océanique Pacifique sous forme d’un chainon volcanique. Chaque élément du chainon étant né lors de son passage au-dessus du point chaud.
L’île de la Réunion est donc le plus récent édifice de cet alignement. Les scientifiques estiment que l’activité volcanique a débuté aux environs de -5 Ma sur le fond de l’océan, par 4000 m de profondeur. C’est vers 2- millions d’années que le volcan a atteint la surface de l’océan donnant naissance à l’île.
Le Piton des Neiges prend de la hauteur. Vers -1,8 Ma l’activité volcanique migre vers l’est, et donne naissance à un nouvel édifice, le volcan Alizé. Celui-ci sera démantelé en de grands glissements de flancs entre -600 000 et -400 0000 ans, pour laisser place au piton de la Fournaise
Piton des Neiges et piton de la Fournaise ont fonctionné simultanément pendant 500 000 ans. Si le piton de la Fournaise fournit des laves fluides de point chaud (basalte) le Piton des Neiges fournit des laves dites différenciées, plus visqueuses engendrant un dynamisme plus explosif.
Les dernières éruptions du piton des Neiges ont eu lieu vers – 22 000 ans sous forme de nuée ardente et -12 0000 sous forme de coulée.
Le piton de la Fournaise est l’ un des volcans les plus actifs de la planète (2 à 3 éruptions par an)
Plusieurs effondrements importants ont été répertoriés. Aujourd’hui, 95 % des éruptions se situent dans l’Enclos, caldera formée il y a – 4700 ans) dont le point d’émission principal est le cratère Dolomieu.
Le dynamisme
volcanique du piton de la Fournaise est de celui des volcans de points chaud
océaniques. Il est caractérisé par la mise en place de coulées de nature
exclusivement basaltique, émises au niveau de fissures éruptives, sièges d’une
extension notable
Des manifestations explosives se produisent de temps à autre. Elles ont pour
origine des interactions entre l’eau – météorique ou océanique – et le magma ou
le substratum chaud.
L’éruption de 2007 (du 02 avril au 1er mai):
En 2006, l’activité éruptive devient plus fréquente, par ailleurs il est constaté en surface de la zone sommitale une inflation progressive du sol, ce qui suggère une alimentation permanente de la chambre magmatique.
En Août 2006 : une première éruption sommitale a lieu. Pendant 4 mois la lave s’écoule de plusieurs petits cratères, et finit de remplir le cratère Dolomieu
Février 2007 : une fissure éruptive longue de 1 km s’ouvre dans le cratère Dolomieu. L’éruption dure moins de 24 h.
Le 30 mars : après une crise sismique, ouverture d’une fissure (alt. 1900 m) dans la partie Sud-Est de l’Enclos. L’éruption ne dure qu’une dizaine d’heures
Du 31 mars au 5 avril : La sismicité ne faiblit pas. Il est constaté le déplacement du magma en profondeur vers le sud-est.
Le 02 avril : ouverture d’une fissure près du village de Tremblet (Alt. 600 m). Certaines s fontaines de lave atteignent 200 m de hauteur. En 2 heures la route RN2 est atteinte. Peu de temps après la lave parvient à l’océan.
Du 2 au 5 avril alors qu’après le début de l’éruption la sismicité aurait dû chuter sensiblement. Il n’en est rien. Elle s’intensifie (plusieurs milliers de séismes par 24 h) notamment sous et dans l’environnement du cratère Dolomieu
06 avril à 0h30 : Un séisme M3 marque le début de la phase d’effondrement dans le cratère Dolomieu. Cette phase d’effondrement principale durera 2 jours. En 24 heures, le cratère Dolomieu d’un diamètre de 1 km s’enfonce de 320 m. D’autres effondrements moins significatifs auront lieu dans les semaines qui suivront (Quelques réajustements en profondeur et effondrements de flancs)
Au cours de l’éruption, il est enregistré par les scientifiques un déplacement « quasi instantané » de 1,40 mètre vers l’est. Des études ultérieures réalisées par les scientifiques de l ’OVPF – Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise – attestent que ce mouvement est continu, période d’éruption ou non. Il est de 2 cm/an.
LES TYPES DE ROCHES
1/ Les laves
L’ile de la réunion, mis à part quelques récifs actuels ou fossiles, est constituée essentiellement de roches volcaniques. Ce sont des basaltes, des océanites, des hawaïites, des mugéarites, des trachytes.
2/ Les produits volcaniques
Au cours de son histoire, le volcanisme de La Réunion a été l’objet de nombreux
dynamismes, effusifs pour la plupart mais aussi intrusifs et explosifs, avec la
mise en place de produits divers parfois remaniés. Ils peuvent être classés en
deux groupes :
– Les laves et intrusions d’aspect massifs.
– Les volcanoclastites à aspect plutôt bréchique.
2 -1 Les intrusions d’aspect massifs : Lors de son parcours souterrain, le magma se déplace verticalement ou horizontalement le long de filons subverticaux appelés dykes. Il peut également s’incruster entre deux niveaux de coulées plus anciennes formant ainsi des sills.
2-2 les produits intrusifs :
On notera la présence de deux types de roches plutoniques
– Les gabbros : caractéristiques d’une cristallisation
lente de magma en profondeur (gros cristaux).
Peu fréquents sur l’île, ils affleurent essentiellement dans le cirque de
Salazie au niveau de la rivière du Mât, où ils sont intrusifs dans des brèches
volcaniques basaltiques. Ils ont une composition voisine des basaltes et
montrent un fin litage
– La syénite dont l’équivalent volcanique est le trachyte.
Cette roche affleure uniquement dans le cirque de Cilaos.
2-3 Les produits volcano-clastiques :
La Réunion présente une grande diversité de mécanismes éruptifs à l’origine des
dépôts pyroclastiques.
Les dépôts liés au dynamisme strombolien consistent surtout en cendres,
lapilli, et fragments de lave (bombes).
Les dépôts liés à un dynamisme explosif sont moins nombreux
– Les coulées de ponces se forment par effondrement de la colonne éruptive. Ces dépôts sont très souvent canalisés dans des vallées (exemple des coulées visibles en rive gauche de la rivière Saint-Etienne, le long de la route de l’Entre-Deux)
– Les nuées ardentes se forment par effondrement de dômes, aiguilles ou coulées de laves. Les dépôts se font en masse dans lesquels les matériaux grossiers flottent dans une matrice cendreuse
Le cirque de MAFATE
3 / Geomorphologie -L’érosion et les cirques du Piton des Neiges
La formation du cirque de Mafate, comme celle des deux autres cirques actuels du piton des Neiges, Cilaos et Salazie, est attribuable à des phénomènes gravitaires. Les avalanches de débris, ces déstabilisations subites et massives des flancs d’un volcan, ont notamment joué un rôle important dans le creusement du cirque. Elles ont été complétées par d’autres types plus classiques d’érosion, celle-ci étant particulièrement active à La Réunion en raison du régime de pluies cycloniques et du manque de cohésion des dépôts d’avalanches. Les géologues ont longtemps pensé que des caldeiras avaient été à l’origine des cirques : les analyses stratigraphiques démontrent que ce n’est que partiellement.
La pluviométrie très élevée est le trait climatique
majeur de La Réunion, sa conjugaison avec des reliefs volcaniques très
prononcés se traduit par une géomorphologie particulière marquée par les
cirques.
– Vers 150 000 ans, une importante caldeira (D=10 kms) se forme en partie
sommitale du Piton des Neiges
– Vers 12 000 ans, des dômes trachytiques se sont mis en place dans la caldeira
avec des cycles d’érosion intense.
Une forte activité sismique entraine l’effondrement
des remparts et, par conséquent, l’accumulation de produits dans les cirques.
Les exutoires N, NE et S, en aval ont permis l’individualisation des trois
cirques – Mafate, Cilaos et Salazie -.
La formation des cirques, y compris l’affouillement dans les couches basales
est donc la conjugaison de la tectonique et de l’érosion.
4/ Photos
Gérard Pons , Emile Rigo , Yves Bailay 13/2/22
Sources :
BRGM – Bureau recherches Minéralogiques – Livret de l’enseignant – Connaissance de la Réunion
IPGP – Institut Physique du Globe Paris
OVPF – Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise
PLANET TERRE – École Normale Supérieure de Lyon
Lucette FERLICOT – Professeure agrégée SVT – Service pédagogique de la cité des volcans
Géosciences – université La Réunion
Photos – Emile Rigo – Internet –