Sortie organisée par Hugues Piolet. Commentaires géologiques : Geneviève Barbier. Photos : Bernard Senges et Geneviève Barbier.

Pour une description plus détaillée du massif d’Uchaux et des sites à visiter, voir notre dossier https://cesn2607.fr/2025/12/08/massif-duchaux-la-carte-interactive/. Vous y trouverez également la localisation exacte des lieux décrits dans ce compte-rendu de sortie.
Le temps était idéal ce samedi 13 décembre 2025, pour la visite des environs de Bollène. Pas un nuage dans le ciel, pas un souffle de vent : la Provence se montrait sous son meilleur jour ! Nous n’avons eu qu’un seul regret : que le soleil d’hiver soit trop bas pour faire chanter pleinement les couleurs des ocres.

Comme prévu dans le programme, notre petit groupe s’est retrouvé au sud de la vieille ville, sur la colline de Jonqueirolles. Et dès la descente de voiture, nous avons été confrontés à de vastes et mystérieuses cavernes. Ces ouvertures en forme de trapèze ont, en fait, été taillées par des humains à coups de pic. Ce sont d’anciennes carrières de pierres de taille et de sable, creusées en galeries dans le grès turonien du sommet de la colline.

Faute d’éclairage adéquat, nous ne nous sommes pas risqués très loin dans ce labyrinthe souterrain. Nous avons tout de même pu constater la coloration bleuâtre de certaines parois, un souvenir de l’utilisation du sulfate de cuivre comme désinfectant, au temps où ces carrières étaient utilisées pour la culture des champignons de Paris (années 1970).

En reprenant notre marche, nous avons rencontré des ruines de l’ancien complexe industriel Valabrègue. Ici, le grès et l’argile arrivaient des carrrières voisines pour être triés, broyés, malaxés, avant d’être envoyés dans la briqueterie de l’avenue Émile Lachaux pour y être façonnés et cuits.

Nous avons d’abord visité le garage du petit locotracteur qui tirait naguère les wagonnets sur des voies étroites. Des voies qui menaient aux carrières, de l’autre côté de la colline, en empruntant une tranchée et un mini-tunnel aujourd’hui bien cachés dans les broussailles.



Après un aller-retour dans l’obscur souterrain, nous nous sommes dirigés vers de grands bâtiments construits en 1917 et 1918, dont il ne reste aujourd’hui que les murs et quelques indices de l’activité passée : des rails et des aiguillages Decauville, la benne rouillée d’un wagonnet et un petit viaduc intérieur d’où les petits convois déversaient le sable et l’argile dans de vastes trémies.

On découvre également un modeste bâtiment qui abritait le treuil du funiculaire, avec des poulies qui guidaient le câble retenant les wagons. En soulevant les taillis dans l’axe du treuil, nous avons entrevu les deux voies ferrées qui mènaient à la briqueterie, le long d’un plan incliné de 830 m de longueur.

Une fois visitées ces ruines, direction le vallon de Noyères, d’où était extraite cette fameuse argile enrichie en alumine qui a fait la réputation des briques réfractaires de Bollène. Sur la crête de la colline, dans une ancienne carrière, nous avons pu admirer de nombreux nodules de grès blancs encore prisonniers de la roche ou détachés par l’érosion.

Un peu plus loin, sur un sentier, le sable clair a fait place à une argile rouge sombre et même violacée. Puis nous sommes arrivés au Lac Vert, une ancienne carrière devenue un étang permanent cerné par la végétation. Les températures hivernales étaient moins propices à la prolifération des cyanobactéries qui, en été, donnent à cette eau stagnante une couleur plus éclatante.

Après quelques minutes de marche, nous avons rejoint la dernière carrière d’argile encore en exploitation aujourd’hui. En hiver, la pluie remplit d’eau l’excavation et forme un lac temporaire qui cache une couche d’argile jaune orangé. En descendant les pentes raides, nous avons pu admirer les étonnantes couleurs des sables ocreux, ainsi qu’une couche de pisolithe (croûte de carbonate de calcium à petits nodules).

En remontant au sommet de la colline de Jonqueirolles, nous avons retrouvé nos voitures et nous nous sommes dirigés vers la route de Suze-la-Rousse, où se trouvaient autrefois la plupart des briqueteries de Bollène. Nous y avons vu les bâtiments de la vaste usine Valabrègue et Valuy, dont une partie seulement est encore en activité. Le reste des constructions est en ruines, dans l’attente d’une hypothétique future réhabilitation.

Le moment des adieux est arrivé. Chacun est rentré chez lui la tête pleine d’images sursprenantes. Quant aux collectionneurs invétérés, ils sont rentrés chez eux les poches alourdies de pisolithe, de nodules de grès et de briques réfractaires estampillées.

