Texte, photo et carte : Hugues Piolet

Le Lac Vert

Le massif d’Uchaux occupe le bord sud-est de la plaine du Tricastin. C’est un ensemble de collines d’une dizaine de kilomètres de diamètre et qui ne dépasse pas 281 m d’altitude. Il est essentiellement couvert de pinèdes qui invitent à la randonnée.

Ce massif très ancien est apparu au Crétacé supérieur, il y a 85 à 100 millions d’années. La région était alors occupée par une mer peu profonde qui a laissé un peu de calcaire et beaucoup de grès, que l’érosion transforme peu à peu en sable.

Dans la partie nord du massif, près de Bollène, un grand gisement d’argile a permis dès la Préhistoire l’émergence d’une industrie de la poterie et plus tard, la celle des briques réfractaires qui a fait la prospérité de la ville. Parmi les dizaines de briqueteries présentes au 19e siècle, une seule a subsisté aujourd’hui : l’usine Valabrègue et Valuy. Vous pouvez visiter les nombreuses traces de son activité passée et présente dans les environs de Bollène.

Notre carte interactive vous permettra de localiser précisément tousles sites intéressants. En cliquant sur les puces numérotées, vous ferez apparaître une fiche explicative avec les coordonnées GPS. Cette carte est en constante amélioration, au gré des découvertes.

Une visite plein de surprises

La ville de Bollène a connu des siècles de prospérité grâce à un gisement d’argile d’une qualité exceptionnelle. Cette argile fut d’abord utilisée artisanalement pour fabriquer des poteries, des tuiles et des tuyaux, avant de servir à la production industrielle de briques réfractaires.

Coupe géologique nord-sud du massif d’Uchaux

Près du sommet de la colline de Jonqueirolles, dans de petites falaises de grès, s’ouvrent les entrées béantes de vastes carrières désaffectées. Certaines ont été transformées en dépôt de munitions pendant la Seconde Guerre mondiale, puis en champignonnières. De cette dernière activité, les parois ont gardé une étonnante couleur bleue, due aux pulvérisations de désinfectant à base de sulfate de cuivre.

Non loin de là, on découvre les ruines de la partie haute de l’usine Valabrègue. Le sable et l’argile y étaient traités avant de partir pour la briquetterie située au pied de la colline. Ces bâtiments, datant de 1917-1918, étaient traversés par de petits viaducs où circulaient des trains Decauville à voie étroite. Les vestiges d’un funiculaire de 830 m de longueur, reliant l’usine de traitement et la briqueterie, sont également visibles.
Un tunnel ferroviaire traversant la colline reliait l’usine à la carrière d’argile.

En franchissant la crête, on atteint le vallon de Noyères, d’où étaient tirés le sable et l’argile. Ces sédiments ont été déposés par la mer au Crétacé supérieur (Coniacien/Santonien), entre -90 et -86 millions d’années avant notre ère. Au passage, on observe au sol de petits nodules sphériques dans les affleurements de grès.
Dans le vallon, les vastes carrières d’argiles ont aujourd’hui disparu sous la végétation. Ne subsistent que quelques lacs correspondant aux excavations les plus profondes. Un sentier fait le tour du Lac Vert, dont la couleur tranche avec l’ocre rouge de ses rives. Par temps chaud, les cyanobactéries prolifèrent dans cette eau stagnante et lui donnent une teinte verte éclatante.

Il faut également visiter le « lac jaune », encore exploité ponctuellement par l’usine Valabrègue qui y extrait de l’argile. C’est un lac temporaire qui peut être vidangé avant extraction au tractopelle, grâce à une pompe toujours en fonction. Sa couleur jaune vif est due aux oxydes de fer caractéristiques des ocres. D’autres nuances spectaculaires sont visibles sur les rives : blanc, rouge brique, violacé… On peut même trouver une couche de pisolithe, une concrétion associée aux ocres. C’est un mélange de carbonate de calcium, de fer, d’aluminium, de manganèse, de quartz et de kaolinite, qui forme une croûte couverte de petits nodules sphériques appelés pisoïdes.

N’oubliez pas de rester très prudent-e en visitant des souterrains et des ruines industrielles. Et de respecter les lieux et la nature!

Le massif d’Uchaux à Bollène: la carte interactive