Texte et carte : Hugues Piolet. Photos : Bernard Senges, Denis Polosse, Jackie Drouhard, Geneviève Barbier.
C’est au pied du mont Ventoux que notre groupe de 13 personnes a pu découvrir les anciennes carrières de Mormoiron et de Bédoin. Des sites parfois bien cachés, mais d’un grand intérêt géologique, historique et esthétique!
Le soleil du Vaucluse a permis d’apprécier pleinement les teintes des divers dépôts sédimentaires : ocres rouges et jaunes, argiles et gypses blancs, le tout affleurant dans des paysages d’automne, eux aussi très colorés.
Notre périple a commencé par la visite du musée de Mormoiron, perdu dans les ruelles du vieux village. Visite qui a permis de découvrir le riche passé de la région, depuis les temps géologiques (squelette de Palaeotherium) jusqu’à nos jours (exploitation des carrières).
Le groupe s’est ensuite dirigé vers les ruines l’ancienne usine de plâtre «La Parisienne», puis vers la grande carrière de gypse des Plâtrières. Nous avons pu y observer du gypse “secondaire” (déshydraté puis rehydraté), que l’on trouve sous forme de croûtes d’albâtre ou de couches fibreuses.
Et c’est devant les strates blanches, semblables aux gradins d’un théâtre antique, que Geneviève Barbier nous a expliqué les origines géologiques de la région (voir la page dédiée).
Puis, l’heure du repas ayant sonné, nous avons fait route vers le plan d’eau des Salettes, où des tables de pique-nique nous ont permis de déjeûner confortablement. Cette agréable base de loisirs est le point de départ des randonnées dans le massif des ocres de Mormoiron.
Après cette pause, nous nous sommes dirigés vers l’ancienne carrière de la Jouvette, d’où l’on extrayait l’attapulgite (ou palygorskite), une argile alumino-magnésienne fibreuse aux usages multiples. La carrière est aujourd’hui occupée par un petit lac rempli de roseaux, de nénuphars et… de pêcheurs irrascibles.
Les étapes suivantes se trouvaient dans la pinède des Rostides, où nous avons pu admirer un étonnant canyon rouge brique, le vallon de Picarel (également appelé Ravin des Sitos). Ce « canyon » est en réalité une ancienne carrière d’ocres qui suivait une veine de grès particulièrement riche en hématite.
Quelques centaines de mètres plus loin, toujours dans la zone des Rostides, la couleur des ocres vire au jaune orangé. Nous passons devant des entrées de carrières souterraines désaffectées, de simples trous percés sur les flancs du massif.
Il y a bien d’autres sites à découvrir dans le massif de Mormoiron, mais la journée avançait et nous ne voulions pas quitter la région sans une visite aux stars locales : les Demoiselles de Bédoin. Après quelques minutes en voiture, nous avons traversé le charmant village provençal pour atteindre une autre forêt de pins où affleurent, là aussi, les ocres. Les fameuses Demoiselles nous y attendaient : des cheminées de fées de grès rose, couronnées de leurs chapeaux de quartzite.
Après ce spectacle rare, il restait un peu de temps pour aller jeter un coup d’œil aux Sablières, d’anciennes carrières de sable creusées aux confins des communes de Bédoin et de Crillon-le-Brave. Ces vastes sablières abandonnées sont fermées au public, mais nous avons pu observer de loin leur monumentale splendeur, avec des fronts de taille et des ravines bariolées d’au moins cinquante nuances d’ocres. Un dernier plaisir avant de rentrer au bercail !…
